Alimentation chez l’enfant: le rôle de l’ergothérapie
Les difficultés alimentaires se manifestent sous différentes formes chez les enfants : refuser certains aliments, ne pas accepter certaines textures, repas de longue durée, manque d’autonomie dans l’alimentation, crises durant les repas, hauts-le-cœur fréquents, etc.

L’identification rapide des causes qui sous-tendent les difficultés alimentaires sont cruciales afin de mettre en place des services appropriés pour accompagner l’enfant dans la diversification de son alimentation et le développement de ses habiletés oro-motrices.
Savoir si votre enfant a des difficultés alimentaires
Plusieurs signes peuvent indiquer des difficultés alimentaires. On peut généralement les regrouper en 3 grandes catégories1
- Signes comportementaux : manque d’engagement dans les repas, refus d’aliments, comportements anormaux durant les repas (larmes, stress, fuites), crises fréquentes liées aux repas, manque d’autonomie à l’alimentation, etc.
- Signes fonctionnels ou oro-moteurs : retard de développement des habiletés oro-motrices, difficultés à gérer les textures, difficultés de succion et/ou de mastication, une toux et/ou voix mouillée durant les repas, bavage, des étouffements fréquents, des repas de plus de 30 minutes, des grimaces, des hauts-le-coeur, etc.
- Signes sensoriels : sélectivité alimentaire liées aux textures/odeurs/goûts/couleurs, enfant qui a d’autres particularités sensorielles (ex : enfant qui refuse certains vêtements en raison de leur texture), etc.
Voici une liste de “drapeaux rouges” venant de SOS Approach to Feeding et du CHU Saint-Justine à considérer lorsque vous vous questionnez sur le besoin de consulter en ergothérapie
- Repas d’une durée de plus de 45 minutes
- L’enfant ne mange pas du tout d’un groupe alimentaire
- L’enfant n’accepte que des aliments ayant la même texture
- L’enfant refuse systématiquement de manger ou s’oppose lors des repas.
- L’enfant mange moins de 20 aliments à partir de l’âge de 1 an: comportement qui persiste sur une période de plus d’un mois
- L’enfant cesse de manger certains aliments
- L’enfant garde des aliments très longtemps dans sa bouche (plus de 10 minutes)
- Bavage excessif chez l’enfant de 4 ans et plus
- L’enfant a des haut-le-cœur réguliers pendant ou après le repas
- L’enfant présente une Incapacité à faire la transition vers
- Les purées (dès le 6e mois)
- La nourriture de table (à partir de 1 an)
- Le verre (après le 16e mois)
- L’enfant mange encore de la nourriture pour bébé après l’âge de 16 mois (purées, céréales, etc.)
- L’enfant éprouve de la difficulté ou ne peut mastiquer des aliments plus durs (après 4 ans).
Si certains de ces éléments s’appliquent à votre enfant, une consultation en ergothérapie pourrait s’avérer nécessaire. La prise en charge de difficultés alimentaires est souvent pluridisciplinaire, si cette occupation vous préoccupe, vous pouvez en discuter avec votre médecin de famille.
Le CHU Sainte-Justine a aussi mis en ligne une infographie sur la sélectivité alimentaire:
Quelles sont les conséquences possibles?
Les difficultés alimentaires peuvent avoir plusieurs conséquences, c’est pourquoi il est important de les adresser rapidement. Par exemple :
- Conséquences émotionnelles et comportementales : Augmentation du stress relié aux repas, crises fréquentes et conflits dans la familles
- Conséquences sociales : Limitation dans l’engagement dans les activités qui incluent de la nourriture, isolement et conflits
- Conséquences sur la santé : Une diversité alimentaire peu satisfaisante peut entraîner des carences alimentaires et le développement de mauvaises habitudes alimentaires à long terme.
Comment est-ce que l’ergothérapie peut vous aider?
L’ergothérapeute complète une évaluation fonctionnelle et considère autant les éléments se rapportant à l’enfant, qu’à l’alimentation, qu’à l’environnement. L’ergothérapeute procède à une évaluation, entre autres, des habiletés physiques et oro-motrices, des aptitudes perceptives, cognitives, comportementales, affectives, sociales et des caractéristiques de l’environnement et de l’activité alimentaire.2
Les stratégies utilisées
Les stratégies utilisées dépendent de l’enfant et des causes qui sous-tendent les difficultés alimentaires. Voici quelques exemples de stratégies utilisées
- Pour les particularités sensorielles : Exposition graduée à un aliment, changer graduellement la texture d’un aliment, favoriser des expériences sensorielles positives, désensibilisation orale,
- Pour les difficultés orales motrices : Assurer un positionnement adéquat durant l’alimentation, augmenter la force et la stabilité de la mâchoire, augmenter la force et la mobilité de la langue et des lèvres
- Pour les difficultés liées au comportement : enseignement à l’enfant et au parent, augmentation de la motivation et de l’engagement aux repas, renforcement positif
Un exemple de thérapie !
Les objectifs liés à l’alimentation peuvent être variés, par exemple
- Mon enfant goûtera à un nouvel aliment à chaque fois qu’on lui propose
- Mon enfant mangera un nouveau légume d’ici la fin de mois
- Mon enfant mangera un nouveau fruit d’ici la fin de l’année scolaire
En thérapie, les approches sont variées et choisies en fonction de l’évaluation. Les activités sont créées sur mesure afin d’optimiser la collaboration de l’enfant.
Par exemple, la création d’un serpent échelle dans lequel l’exploration sensorielle de deux aliments est intégrée avec des activités surprises (étoiles). L’enfant met lui-même les échelles et les serpents!

Qu’est-ce que vous pouvez faire en attendant une prise en charge?
Voici une liste de quelques conseils généraux pour tenter d’optimiser l’engagement de votre enfant durant les repas:
- Favoriser les repas en famille dans une ambiance positive
- Mettre en place une routine menant au repas stable et prévisible
- Offrir une variété d’aliments
- Varier la présentation des aliments
- Présenter au moins un aliment apprécié et un aliment moins apprécié
- Donner des choix à l’enfant
- Explorer les aliments sans les goûter
- Discuter des caractéristiques des aliments
- Manger la même chose que l’enfant pour être son modèle
- Éviter les distractions durant les repas
Les prochaine étapes
Pour aider un enfant à bien manger, l’ergothérapie joue un rôle essentiel en identifiant rapidement les causes des difficultés alimentaires et en proposant des stratégies personnalisées. Si vous remarquez que votre enfant présente certains des comportements mentionnés dans cet article, il peut être bénéfique de consulter un ergothérapeute. Une évaluation professionnelle et un accompagnement adapté peuvent grandement améliorer l’alimentation et le bien-être de votre enfant.
Sources:
- Grevesse P, Winghem JV, Franck L, Dassy M, Cormann N, Charlier D, et al.(2020). Le trouble alimentaire pédiatrique. Percentile – La revue des pédiatres. 25(2). https://www.inemo.be/images/publishing/22-PER252F_BD_Opt.pdf
- Ordre des ergothérapeutes du Québec. (2024). Guide des activités professionnelles de l’ergothérapeute. https://www.oeq.org/DATA/ACTUALITE/54~v~27025_oeq_gape_v2couleur.pdf